Mamallapuram, 12 novembre 2004
 

A l'Est, rien de nouveau...

Nous quittons Bombay pour Madras le 9 novembre. Nous ésperons prendre de là le ferry pour les iles Andaman, qui part le 11. Notre expérience de Bombay, déjà mince, aurait été tout à fait incomplète si nous n'avions pas eu l'occasion testé son train de banlieue : la ville comporte de nombreuses gares, et c'est le mode de transport que nous choisissons pour rejoindre notre train de nuit.
Tout d'abord, nous sommes un peu déçus : peu de monde dans le wagon, grosse masse de bois et de métal à la peinture bleue délavée, et au plafond duquel se balance une véritable forêt de poignées : petite évocation de la foule qui doit s'y pendre désepéremment en temps ordinaire.
Instant de poésie : un marchand ambulant passe dans la travée, propose aux voyageurs carnets de coloriages et crayons de couleurs. Je le regarde d'un air rêveur, mais on me tape sur l'épaule : Dadar Station approche. C'est là que nous descendons. Gilles et moi nous levons, endossons nos sacs à dos. Les passagers sont quelques uns devant la porte du wagon; toujours grande ouverte. Ils nous font de grands signes : il va falloir sauter. Nous échangeons un regard perplexe : il ne s'arrête pas, ce train ?
Au moment où le train entre en gare, nous comprenons : des centaines de personnes sont amassées sur le quai. Le train est encore lancé mais déjà la foule se met en mouvement.
Pour espérer sortir du train, la seule solution est de sauter avant qu'elle ne commence à monter. Devant les portes, nous subirions alors une mort atroce...
Il faut sauter. Avec mes 62 kg, je m'applatirai sur la marrée humaine, qui me remettrait dans le train dans son mouvement.
Mais lesté des 13 kg de mon sac à dos, mon coefficient de pénétration dans la foule devient nettement plus intéressant. Ajoutons à celà les 10 km/h du train encore en mouvement, et je deviens redoutable (petit jeu : ?partir de ces informations, quelle est la masse de Nicolas au moment où il saute du train ? Vos réponses sur 80j@free.fr, et gagnez votre poids en poulet tandoori).
Avec nos sacs, dans cette lumière bleu-vert, nous avons l'impression de rejouer le saut des parachutistes américains sur Sainte-Mère-l'église... je saute. Gilles, un peu surpris, par mon saut soudain, n'a pas le temps de fixer son parachute ; il se rétablit de justesse sur un passager qui tente de monter. Je m'enfonce dans le foule comme dans du beurre. Quand je m'arrête enfin, je n'ose pas me retourner pour contempler les corps inertes que j'ai du laisser dans mon sillage...

Le train de nuit pour Madras s'ébranle à 20h30. 24 heures de trajet nous attendent.
Au matin, nous nous réveillons sous un ciel lourd : dans le sud de l'Inde, c'est la saison des pluies. L'air est humide, nous traversons des paysages d'un vert intense et des terres inondées.

Madras, enfin. Une grande ville de plus, pensons-nous en arrivant. Nous nous sentons saturés des gaz d'échappement et des hurlements des rickshaws.
Mardi matin, nous nous rendons près du port pour acheter nos billets de bateau. Mais, après avoir couru les trois étages de bureaux de la Shipping Corporation of India, nous apprenons que le ferry est en fait parti la veille. Le prochain part le 13 novembre...
Nous passons le reste de la journée à chercher une alternative. On nous apprend qu'un cargo indien se rend à Port-Kelang, en Malaisie... faux espoir, il ne prend pas de passagers. Nous voilà donc coinçés deux jours de plus. Madras nous semble encore plus sombre, maintenant. En attendant notre bateau, nous décidons de nous exiler à Mammalapuram, une petite ville cotière à 60 km de là.

L'idée était bonne. Dans cette ville de pêcheurs et de tailleurs de pierre, nous découvrons un peu plus de l'Inde que ce que l'unique fréquentation des grandes villes nous en avait livrée. Les gens sont souriants et cordiaux, et nous déambulons dans les nombreux temples qui jalonnent la ville et son rivage.
La vie y est dangereuse, cependant, et nous sommes victimes d'agressions sauvages : une vache bouscule Gilles et le poursuit dans la ville. Un singe me pique le sac de bananes que je viens d'acheter.
Surtout, c'est en ce moment la fête de Deepavali, la fête de la Lumière : l'une des plus importante fête religieuse indienne, on y célèbre le jour de la déstruction par Krishna du démon des ténèbres, Narakasura. Celà se traduit notamment par des pétards et des feux d'artidice qu'on fait exploser partout, jour et nuit. L'affaire est sérieuse : passants, voiture et vaches attendent sagement que les pétards aient explosés pour poursuivre leur chemin.

Un intense rideau de pluie vient de s'abattre sur la Mammalipuram. Plus de pétards. Dans quelques heures, nous reprendrons notre route. Nous quitterons Madras demain, pour trois jours de mer vers les Andamans.

 
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Contre mauvais esprits et sortileges, Inde
   
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Train vers Madras, Inde
   
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Pont interminable et... tres etroit, Inde
   
 
Sur la route; quelques panneaux et des vaches, Inde
   
 
pecheur a Mamallapuram, Inde
   
 
Temple 'Sea Shore', Inde
   
 
les pieds dans l eau...
   
     
         
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