Bombay
nous y voilà..
Mardi 2 novembre, nous quittons à regret le Pakistan.
Ce pays reste pour nous la grande surprise, la grande révélation
de notre voyage jusqu'ici. Bien loin du portrait alarmiste
qu'en dépeignent les médias et tous ceux qui n'y sont jamais
allés.
En comparaison, notre arrivée en Inde nous semble presque
un peu fade...
Etrange bus, d'abord, qui nous emporte de Lahore vers Delhi.
L'exact opposé de notre chèr bus 0404 qui nous avait
mené de la frontière iranienne au centre du Pakistan
(voir article du 31 octobre) : le bus Lahore-Delhi, bien que
plein, est parfaitement calme. Il est peint aux couleurs du
Pakistan, croissant et étoile blancs sur fond vert. Mais ce
qui est le plus étrange, c'est qu'il bénéficie d'une solide
escorte policière. Nous ne nous expliquons pas ce mystère.
Peut-être cette ligne de bus a t'elle été voulue par
l'Inde et le Pakistan comme un ostentatoire symbole de leur
réconciliation ?
De Delhi, nous avons vu bien peu. L'impression d'une ville
démesurée et écrasante, la course au billet de train : il
nous faut partir impérativement le mercredi 3 pour Bombay,
par le Radhjani Express, train de nuit. On nous informe que
le train est plein, qu'il faut réserver trois jours à
l'avance... Un peu comme Passepartout qui court Hong-Kong
pour retenir des billets de bateau, nous passons une partie
de la journée en allers et retours en rickshaw entre gare
et agences de voyage, et finissons, à un certain prix,
par obtenir nos billets...
Bombay... Nous arrivons jeudi, à la gare de Mumbai
Central. Dans la précipitation, nous n'avons rien préparé
Nous nous trouvons parachutés, sans guide, sans plan, sans
adresse, au coeur de cette ville de 16 millions d'habitants.
Avec nos sac à dos et nos mines perdues, mous sommes
du gibier pour taxis malhonnêtes et rabatteurs de "guesthouses"
(hotels peu couteux souvent fréquentés par les voyageurs)
douteuses. Nous finissons enfin par nous repérer, et une fois
installés nous allons nous perdre, volontairement cette fois,
dans la cité immense, colorée, sale, presque inhumaine.
Parcourue d'une circulation dense, d'inombrables petits taxis
noirs au toît jaune, stridente de klaxon et du bruit de la
circulation.
Vaches au beau milieu des voies rapides, singes se baladant
sur les gouttières ou promenés en laisse dans la rue ; trottoirs
saturés d'une foule bigarée, mendiants et passants ; diversité
des costumes, des attitudes... nous marchons au milieu d'un
univers dont les codes et les nuances innombrables nous échappent
complètement. Jeudi soir, nous sommes invités à un
concert, organisé par l'Alliance française de Bombay
(voilà l'occasion de remercier son directeur, Patrick
Deyvant, pour son acceuil et son aide). Nous nous sommes accordés
à l'occasion une petite parenthèse mondaine...
Un expatrié francais nous fait remarquer devant nos
vêtements un peu défréchis : "Bombay est une ville habillée".
Curieux qualificatif pour une ville dont une part inchiffrable
de la population est sans-abri et où la misère s'affiche
sans fard sur chaque trottoir... Bombay est une ville qui
prend aux tripes.
Nous quitterons Bombay dimanche. Premier gros obstacle de
notre voyage : depuis l'Inde, il nous faut rallier la Chine.
Les frontières birmane et chinoise étant fermée depuis l'Inde,
nous n'avons que trois solutions :
1 - Passer par le Népal et le Tibet. Excitant, mais entre
la lenteur des transports et les autorisations administratives,
nous perdons entre 15 et 20 jours...
2 - Traverser le Golfe du Bengale jusqu'aux Iles Andaman,
et de là rejoindre la Thailande dans le but de remonter
jusqu'en Chine. Tentant, mais il est theoriquement impossible
de passer en bateau des Andaman à la Thailande...
3 - Prendre l'avion. Bof...
A ce stade, nous pensons opter pour la seconde solution :
nous rendre aux Iles Andaman et improviser à partir
de là ... le pari est risqué nous perdrons beaucoup
de temps si nous devons faire demi-tour...
A bientôt pour de nouvelles aventures !
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