Chicago, 21 decembre 2004
   

On the road

Et si Jules Verne rencontrait Jack Kerouac ?
Nous jouons avec cette idée, quand nous décidons de traverser les Etats-Unis en voiture, tout en suivant à la trace l'itinéraire de Phileas Fogg et Passepartout à bord du Pacific Railroad.

Pour trouver une voiture aux Etats-Unis, il n'y a qu'à se baisser : la notre, nous sommes chargés de la convoyer pour son propriétaire de San Francisco à Chicago. Elle ne nous coûte donc rien.
Nous quittons ainsi San Francisco le 16 décembre. Là commence notre "road-trip", qui va durer quatre jours, sur plus de 3000 kilomètres.
A Salt Lake City, Green River, Denver, Omaha, Kearney, nous suivons de près Phileas Fogg. Nous traversons successivement la Californie, le Nevada, l'Utah, le Colorado, le Nebraska, l'Iowa et l'Illinois.
Dans le Nevada et l'Utah, nous parcourons d'immenses plaines désertes d'où surgissent par intermittence quelques montagnes basses et peuplées uniquement de bosquets et de brillantes plaques de neige.
Dans ce vaste désert se déroule le ruban de la route, désespérement rectiligne. Le 17 décembre, nous parcourons 300 km sans traverser le moindre bourg...
Ces paysages sont grandioses, immenses, vertigineux. Les nuances infinies de ces étendues désertiques nous coupent le souffle par leur beauté brute. Nous ignorons, en Europe, cette notion de l'espace...
Puis c'est le Colorado. Nous traversons le nord des Rocheuses, toutes enneigées. Montagnes basses qui se succèdent, l'Interstate 70 se tortille sur leur flanc. Puis nous redescendons sur Denver. Là commence la grande plaine du Midwest : dans le Nebraska, c'est d'abord une succession de collines douces et unies, couvertes d'herbe jaune et dans lesquelles le regard et l'immagination se perdent volontiers.
Puis bientôt la plaine se transforme : en campagne tout d'abord, et dans l'Iowa en vastes champs labourés jusqu'à perte de vue, plantés ca et là de fermes et de silos à grains.
Passé le Mississipi, c'est l'Illinois : le paysage s'urbanise doucement jusqu'à Chicago, qui surgit de la plaine et nous délivre de ce désert humain de 3000 kilomètres...

Parce que humainement, la traversée de cette étendue est éprouvante. Nous nous arrêtons chaque soir dans des villes informes, semées de motels, de fast-foods et de stations services, peuplées d'une population de morts-vivants.
Sur notre chemin, lors de ce tour du monde, nous avons trouvé à chaque arrêt de l'âme et de l'hummanité. Mais là, au fin fond de l'Amérique, nous ne croisons que des regards vides et du néant...
Nous mangeons la seule nourriture qui nous est proposée ; nous dormons le soir dans les motels bon marché où le prix de la chambre dépend de la taille du lit, et où l'on recoit en dépôt en même temps que la clef de la chambre, la télécommande qui permettra de faire semblant d'éponger son ennui devant les 80 chaines (chaînes ?) de télé.

Cette traversée est hypnotique et fascinante. Mais au bout de quatre jours, Chicago nous apparaît comme un phare dans la nuit.
Il nous semble qu'il existe deux Amériques : celle des grandes villes, toujours surprenante, pétillante et trépidante, et celle des immenses espaces qui les séparent...
Chicago ne vibre pas de la même vie que San Francisco : bien plus américaine à sa façon, elle est plus agitée, plus excesive, moins "posée". Elle pétille de vie, à l'image des notes de jazz dont elle résonne et s'enorgeuillit. C'est une ville verticale : les tours sont vertigineuses, leur architecture baroque et parfois si raffinée qu'on les reconnait au premier coup d'oeil et que pour un peu, on leur donnerai des petits noms... à leurs pieds circule toute une vie urbaine, émouvante et attachante si on sait la regarder.
Le vent est glacial, la température avoisine les -15 degrés. Les doigts de Gilles se paralysent sur le déclencheur de l'appareil photo, et nous nous réfugions dans un café tous les 200 mètres. Long chemin parcouru, depuis les tropiques...
Partout dans les rues, nous rencontrons les échos de Noel, chants, sapins, rubans rouges, jusqu'aux oreilles des chevaux de la police montée qui sont coiffées de délicats bonnets à pompons : on sent bien que l'affaire, ici, est sérieuse. Alors pour passer inaperçus, nous nous sommes nous aussi offert des bonnets à pompons... Nous les arborerons fièrement dans les rues de New-York, le 24 décembre.
Le départ est prévu pour demain. Cette fois, ce sera le bus, et sans doute avec de nouvelles visions de l'Amérique.

 
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Chicago
   
       
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