Kunming, 29 novembre 2004
 

A contre-courant

Tout d'abord, toutes nos excuses pour les décalages entre les mises à jour de notre site web : un problème avec notre hébergeur nous empêche d'en faire normalement l'entretien.
Merci aux amis, Franck et Ghislain, qui depuis la France nous dépannent et permettent à ce site de continuer à exister.

Nous quittons Chiang-Mai le 24 novembre au matin. Direction Chiang-Kong, ville frontière avec le Laos. Il nous faut attendre le lendemain matin pour franchir la frontière, et nous trouvons là une étape agréable : Chiang-Kong est une petite ville tranquille sur la rive sud du Mékong. A 300 mètres de là, de l'autre côté de ce fleuve au doux nom qui laisse rêveur, c'est le Laos.
Ce soir là, dans le calme, nous écoutons venir de cette rive trop lointaine le son des voix, des rires et des musiques, et des cloches d'un monastère boudhiste caché par la nuit.

Au matin du 25, nous quittons Chiang-Kong : nous devons prendre à 9h30 le bus qui nous fera traverser le Laos jusqu'à la frontière chinoise.
Mais même dans nos calculs les plus larges, nous comptons sans cette poisse qui depuis l'Inde ne veut plus nous lacher : le moteur de la barque qui doit nous faire traverser le fleuve ne démarre pas... Le temps de traverser et d'obtenir nos visas laotiens, notre bus est parti...
Pas d'autre avant le lendemain. Il est hors de question de perdre une journée de plus. Il nous faut une nouvelle fois improviser :
Le Mékong descend du Nord, de la Chine. Nous décidons de nous avancer le plus possible en remontant son cours. La chose est possible, on nous propose de nous embarquer pour un village duquel nous pourrons gagner en bus la frontière chinoise.
Après une heure de piste, un pick-up nous dépose à un sommaire embarquadaire. De là, de nombreuses barques emmènent passagers et marchandises au long du fleuve.

Nous embarquons dans ce qu'on appelle un "speed-boat" : barque à fond plat, élancée, d'environ 6m sur 1,5m ; à l'arrière est monté un énorme moteur traffiqué d'où part un imposant pot d'échappement et une longue hélice.
Le tout donne une sorte de hors-bord particulièrement rapide et instable.
Pendant deux heures, nous remontons le fleuve. Paysages grandioses : nous passons entre des collines abruptes, à la terre rouge sang envahie par la jungle, arbres moussus pleurant sur la rivière des lianes, des racines et des branches, feu d'artifice vert des cocotiers et des palmiers; taches rouges et jaunes des fleurs sauvages; grèves de sable blanc et fin; éceuils des rochers polis par le fleuve et le temps; et de temps à autre, villages qui surgissent de la forêt, à demi cachés par la végétation : cabanes sur pilotis, baties en bambou et aux murs de feuilles de palme tressées.
Notre pilote est un virtuose, il remonte les rapides, s'appuie sur les courants. La barque bondit sur les trous d'eau et effleure les rochers.
Nous arrivons bientôt à destination : Xieng-Kok, un village où nous trouvons effectivement une camionnette qui fait office de bus et se rend à la frontière. On sangle nos bagages sur le toit, et nous prenons place à l'arrière, en compagnie de quelques passagers et d'une improbable et odorante cargaison de pattes de poulet...

Nous arrivons à la nuit tombée. Nous ne savons même pas où nous sommes, et n'avons qu'une certitude : la frontière est toute proche. Nous rions bien, nous narguons notre malchance, d'avoir finalement pu dans la plus complète improvisation arriver à destination...
Nous rions moins le lendemain matin, quand sous des trombes d'eau nous apprenons que nous ne sommes pas au bon poste frontière : impossible de passer par là, et nous perdons une demi-journée à rejoindre Boten, le bon point de passage...

Nous nous retrouvons enfin en Chine. La ville frontière, Mohan, nous offre une saisissante première vision du pays : celle d'une ville flambant neuve, qui semble avoir poussé pendant la nuit.
De Mohan, nous gagnons le ville plus importante de Menghan, 60 km au nord. Notre objectif est Kunming, à environ 300 km de là, et 18 heures de bus sur une route mal entretenue qui se perd dans les montagnes.
Cette route nous stupéfie : elle longe en fait l'itinéraire d'une future autoroute qui reliera dans quelques années Singapour à la Chine, en passant par la Thailande et le Laos.
Sur la portion du tracé que nous parcourons, ce sont partout des travaux titanesques et démesurés : des piles de pont sortent de terre, les montagnes sont percées de tunnels, leur face bétonnée ou retravaillée en terrasses plantées d'une végétation nouvelle et domestiquée.
La nuit, le chantier géant ne dort pas, ses projecteurs illuminent la forêt tandis que les engins s'affairent.
Dans ce paysage de forêts de bambous, de montagnes et de collines digne des plus délicates estampes, la future autoroute est une vilaine balaffre de béton et de terre retournée.

Nous arrivons à Kunming le 28 au matin. Kunming, "cité de l'éternel printemps", est la capitale de la province du Yunnan.
La ville, grande, moderne et propre, semble réussir une étrange alchimie : conjuguer modernité sauvage et douceur de vie.
Le long des vastes avenues, les immeubles poussent en tout sens. La ville est creusée de trous béants où d'invisibles jardiniers plantent de nouvelles tours. Ailleurs, celles-ci sortent déjà de terre. On les voit plus loin s'épanouir en bouquets d'acier et de verre, fleurir de néons et de projecteurs.
Ces tours baignent de leur ombre les quelques rues rescapées de l'ancien Kunming, garnies de maisons de bois aux toits incurvés et qui abritent encore une vie d'une autre époque : étals de nourriture, gargottes, marchés vivants et colorés.
Deux mondes arrivent encore à se cotoyer ici, et on est témoin à Kunming d'un étrange dialogue entre la Chine d'hier et celle d'aujourd'hui. Mais bientôt les tours de verre et d'acier auront fini de pousser sur les vieilles maisons de bois.
On sème en Chine les cités comme le grain. Nous sommes curieux de voir les fruits qu'elles donneront.

Nous quittons Kunming ce soir. Le temps nous manque, et nous avons décidé, pour pouvoir nous embarquer le samedi 4 décembre pour le Japon, de ne pas nous rendre comme prévu à Hong-Kong.
Nous partons donc directement pour Shangai, à 50 heures de train d'ici. La course continue...

 

   
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Vie paisible sur Chiang Kong, Thailande
   
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En face, le Laos
   
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Ca va très vite en "Speed Boat"
   
 
Xieng kok, Laos
   
 
Barque de pêcheur, Laos
   
 
Le bus trace la piste, Laos
   
 
Nuit colorée sur Kunming, Chine
   
 
Marché aux oiseaux, Chine
   
 
     
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